Salutations,
La demande s'effondre aussi par chez nous, en première couronne d'Angers. Un très grand nombre de professionnelles ne sont pas au complet et il n'y a quasiment aucun contact. Pour celles et ceux qui sont très proches de l'agglomération, ça se maintient péniblement mais pour les autres, la situation devient compliquée. Et ce malgré une fonte du nombre d'ass mat qui a diminué de moitié en 6 ans !
Certes la baisse de natalité joue probablement mais c'est plutôt vers l'énorme développement de l'accueil collectif qu'il faut probablement se tourner pour expliquer un phénomène si brutal. Trois micro-crèches qui se sont nouvellement implantées dans la commune, une crèche publique a proximité qui a doublé sa capacité et un projet de nouvelle crèche pour la rentrée prochaine avec 30 places supplémentaires. Jusqu'alors le déficit de capacité d'accueil pour ses structures permettaient une cohabitation malgré un fort déséquilibre dans les financements respectifs. Mais sans cette tension, la réalité nous rattrape : le collectif attire beaucoup plus les parents. Ceux-ci, soucieux ( à l'excès ?) du développement de leur enfant vont être rassurés par les équipements à disposition, le cadre structurel, le panel d'activités proposé : tout ce qui peut être visiblement valorisé par une structure qui dispose des lieux et d'un financement adaptés. Pour une ass mat, contrainte par le lieu d'activité et sans autre financement que ses deniers personnels, ne reste guère que la plus-value apportée par la relation particulière entretenue avec l'enfant et le respect des rythmes de l'enfant que peu difficilement respecter une crèche. Et, même si nous sommes conscient(e)s de l'importance fondamentale des ces éléments dans le développement du tout-petit, c'est beaucoup moins facile à vendre qu'une salle de motricité, qu'un espace de jeu rempli de matériel hors de prix ou qu'un joli planning en couleur rempli de tout plein "d'activité" à la dénomination ronflante.
Un bon nombre de parents sont dans une logique de service et viennent d'abord acheter des prestations d'éveil et de bien-être pour leur enfant. Les missions d'assurer l'éveil et l'éducation de leur progéniture sont donc délégués à des "spécialistes" diplômés et assermentés qui vont agir dans un cadre règlementaire rassurant et des locaux spécialement adaptés. Dans cette même logique, la perspective de devoir se positionner en employeur avec toutes les contraintes inhérentes à la fonction est une contrainte lourde que l'on préfère éviter en se limitant au seul versement mensuel d'une "cotisation". Pour les ass mat, il faut pouvoir s'aligner sur ces standards pour lutter contre cette concurrence. Et c'est bien ce que l'on observe avec des domiciles modifiés en espaces de jeux dédiés, des propositions d'activité valorisables, la décharge de toute contrainte administrative ou logistique. Tout cela sur les seules épaules de l'ass mat qui va s'user à vouloir proposer seule ce qu'une structure d'accueil va pouvoir déployer avec des moyens humains et financiers sans commune mesure. Le combat est inégal malheureusement et l'on en mesure aujourd'hui les conséquences.
Et puis demain, quid du bien être des tout-petits si la seule offre est la structure collective normative pas toujours en capacité de s'aligner sur les particularismes et les besoins individuels ?